Je reçois encore, parfois,
du courrier à propos du présent dossier.
J’ai reçu celui-ci :
« Il fut un temps
où je te croyais un journaliste qui recherchait une objectivité
raisonnable.... Je viens de trouver ce lien
www.jp-petit.com/Divers/PENTAGATE/twin_towers1.htm
qui ne reprend qu'un tout petit résumé d'un site américain
http://www.whatreallyhappened.com/fema_report.html
.
Si ton
analyse du 11 septembre en reste là, ... tu as perdu mon estime et
mon écoute. »
Je n’ai jamais publié une
« analyse du 11 septembre ». Je me répète donc « Il s'agit dans ces pages de se pencher sur les documents répandus
par le Réseau Voltaire, et sur quelques autres semblables. Pas
d'exclure la possibilité de complicités internes aux États-unis dans
les attentats du 11 septembre, ou de se prononcer sur la politique
extérieure des États-unis, ce qui serait un tout autre débat. »
Cela dit, ce courriel
fournit l’occasion de rejeter un œil sur l’état du dossier, en 2004.
De parcourir, non seulement les deux documents (dont l’un reprend
simplement l’autre) mentionnés par notre correspondant – nous y
reviendrons plus bas - , mais aussi quelques dizaines d’autres.
Première constatation : la théorie « Il n’y a jamais eu d’avion sur le
Pentagone » occupe moins de place aujourd’hui, au profit des
évènements de New York. Deuxième constatation : il y en a pour des
centaines et des centaines de pages. Troisième constatation : ceux qui
affirment que le 11 septembre était une mise en scène divergent
complètement quand il s’agit de savoir quelle mise en scène.
Chacun a sa thèse. Chacun
affirme que les faits sont aveuglants, que les images sont lumineuses,
irréfutables, mais chacun les voit différemment. Certains ne jurent
que par la version originale de Meyssan, dite "Jeu des 7 erreurs",
mais Meyssan a
changé radicalement ses batteries le
8/4/2002. Certains conspirationnistes américains accusent Meyssan
d'être à la solde de Bush (ou d'Israël, selon les versions) pour créer
le trouble et
cacher la "vraie" conspiration ( "Someone
is hyping a poorly created conspiracy theory and then destroying it
along with the credibility of anyone smelling even a legitimate one").
Un autre explique que les avions ont bien été détournés, mais que les
autorités américaines savaient et comptaient bien qu'ils allaient
l'être, et n'ont pas fait confiance aux pirates, donc ont
remplacé en vol les Boeing par des
avions militaires déguisés en avions de ligne et télécommandés pour
mener l'attaque avec plus d'efficacité ("The true Flights 11, 175,
77 and 93 were indeed substituted with other planes when the
transponders were switched off. Someone hijacked
the hijackers to make sure the job was done properly."
).
Un autre
démontre, conférences et émissions de
radio à l'appui, qu'il n'y a tout simplement pas eu d'avions, mais des
hologrammes projetés autour de missiles (qui ont donc voyagé depuis on
ne sait quelle base militaire jusqu'au coeur de New York sans être
repérés), car sur une vidéo de CNN, le second avion donne l'impression
de se fondre dans la tour sans créer d'impact dans la façade. (impact
que l'on voit dans
d'autres vidéos). Mais on trouve
ailleurs une autre thèse, tout à fait en contradiction avec celle-là,
selon laquelle un gaz létal a tué passagers et pilotes, après quoi
l'US Army a
téléguidé les avions jusqu'à leur
cible. Assez commune aussi, l’idée que les Boeing ont été trafiqués et
étaient porteurs de
missiles (idée basée sur une lueur
apparaissant sous une des ailes) pour mieux ravager les tours
(pourquoi des missiles, qui auraient pu être vus et filmés, plutôt que
des explosifs à bord des avions ?).
On imagine le nombre de
complicités que chacune de ces hypothèses implique, qu’il s’agisse de
placer des missiles sur un avion civil, des charges dans un bâtiment
fréquenté et sécurisé, ou de mobiliser quelques-uns des meilleurs
techniciens de l’armée pour une opération de haute technologie du
genre « missiles + hologrammes »…
On peut trouver une
compilation (incomplète) de ces thèses
ici .
Les polémiques prennent
souvent un tour d’une technicité qui les met hors de portée de toute
vérification par le citoyen moyen. A propos de la polémique sur la
résistance des tours, je reste désarmé devant des
arguments
tels que, sur des pages entières,
“T
(in meters) = {-b + (b2 - 4 x a x c)1/2}/(2 x a), where here
a = 2, b = (d + w) = 12" + 36" = 48" =
1.219 m, and c = -0.0299 m2. Substituting… etc »
Bon nombre de ces pages
négligent les éléments qui iraient à l’encontre de leur thèse. Ainsi,
on souligne que les tours de New York se sont écroulées avec une
rapidité anormale, ce qui prouverait qu’elles ont été sabotées à
l’avance. On (des agents secrets américains ou israéliens) y aurait
placé des charges explosives – ou auraient utilisé un
laser. Pourtant, on lit
ailleurs que cet écroulement
"rapide" des tours serait dû au fait qu'elles étaient conçues pour que
leur structure contienne de l'amiante ; or, l’usage de l’amiante dans
des bâtiments suivant les techniques prévues a été interdit pendant la
période de leur édification, et il a fallu bouleverser les plans en
1971, en plein chantier, et changer de technique à partir du 64ème
étage. Un expert s'est exclamé pendant la construction : "If
a fire breaks out above the 64th floor, that building will
fall down", « Si un feu éclate au-dessus du 64ème
étage, ce bâtiment s’écroulera" (rechercher cette phrase dans
Google vous donne une longue série de documents, par exemple
http://www.npri.org/issues/issues01/i_b0121101.htm
). Cela dit, les ennemis de l’amiante
répondent par divers arguments techniques, mais sans
recourir pour autant à l’hypothèse des charges explosives.
La polémique sur la chute
des tours fournit d’intéressants exemples d’échanges d’arguments sur
ce
forum . Nous ne pouvons résumer
ici ces treize pages… Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que certains
arguments provoquent un effet très fort – jusqu’à ce qu’une remarque
les ramène à de plus justes proportions -. Ainsi, de nombreux sites
soulignent que la chaleur suscitée par l’incendie n’était pas
suffisante pour faire fondre l’acier des structures – et que donc si
les tours se sont écroulées, cela devait être parce qu’on y avait
placé des
explosifs ). Cela frappe, jusqu'au
moment où l’on réalise que l’acier n’a pas besoin de fondre pour
perdre sa résistance, qu’il la perd en fait assez vite à la chaleur
(sans quoi on ne pourrait pas le forger), et que donc une température
de plusieurs centaines de degrés suffisait largement pour provoquer
l’écroulement (les poutres qui supportaient les planchers des tours
étaient minces et longues parfois de 15 mètres). (Un lecteur nous écrit : "Il
faut savoir qu'une poutrelle d'acier chauffée n'a plus aucune résistance et se
plie comme un fétu de paille, je l'ai constaté sur plusieurs sites incendiés.
Parfois des cloisons de bois ont mieux résisté que des IPN .
Pour conclure, si vous étes en France, souvenez vous du Lycée E.Pailleron à
Paris, 3 étages de structure métal, lors d'un incendie il s'est replié comme un
chateau de carte sans aucun apport de matières explosives .").
Autre argument : des
explosions qui précèdent l’écroulement ressemblent à celles de
charges utilisées dans la démolition de buildings. Cela frappe –
jusqu’à ce que quelqu’un fasse remarquer que dans le cas de
démolition, les explosions doivent répondre à certaines
conditions auxquelles celles du WTC
ne répondent pas du tout.
Autre argument : les tours
du WTC étaient conçues pour supporter l’impact d’un Boeing 707. Et
donc l’argument « Il a fallu des bombes pour qu’elles s’écroulent »
reprend du poil de la bête – à grands coups de démonstrations
chiffrées - . Cela frappe – jusqu’au moment où l’un des architectes
du WTC précise que l’hypothèse de travail des architectes était celle de l’impact d’un Boeing 707
qui aurait perdu sa route (en cas de brouillard épais par exemple) en
approchant de l’aéroport, et donc volerait à très basse allure et
aurait consommé la plus grande partie de son carburant. Pas d’un
Boeing 767 (près de 20% plus lourd), aux réservoirs bien remplis,
lancé à pleine vitesse dans le but de faire un maximum de dégâts –
hypothèse que personne n’avait prévue en 1971-.
Notons aussi sur ce même
forum que les événements du WTC sont utilisés dans des cours pour
parler de la résistance des matériaux de construction, sans que les
professeurs ne jugent la chute des tours suspecte ; les
ingénieurs qui participent à la discussion trouvent eux aussi cette
chute explicable par le seul résultat de l’impact des avions et des
incendies qu’il a provoqué. Conspirateurs ?
Sur les thèses
persistantes selon lesquelles l'effondrement des tours ne s'explique pas sans
l'idée qu'elles auraient été détruites de l'intérieur, voir
cette page rédigée par un architecte
spécialiste.
Faire aussi une recherche Google sur "dynamique de l'effondrement des twin
towers" et lire l'article dans le cache de Google, l'original n'est plus en
ligne.s le cache de Google, il n'est plus en ligne.
Les défenseurs de la
théorie « bombes » citent souvent une déclaration d’un expert
mexicain, Monsieur Van Romero, qui avait déclaré que l’incendie
provoqué par les avions ne lui semblait pas suffisant pour expliquer
la chute des tours. Cela frappe, jusqu’au moment où l’on apprend que
cet expert est
revenu sur sa déclaration, a déclaré
qu’il avait changé d’avis après avoir discuté avec des architectes, et
qu’on lui avait fait dire autre chose que ce qu’il avait voulu dire.
Les passionnés de la résistance des matériaux trouveront
ici de longues pages d’équations
réfutant la théorie des bombes, totalement incompréhensibles à
l’auteur de ces lignes, et auxquelles d’ailleurs d’autres répliquent
par d’autres équations. Marc Loizeaux, un spécialiste de la démolition
des gratte-ciels,
déclare que dès l’instant où il a vu à
la télévision l’impact des avions, il a su que les tours allaient
tomber – ce qui va à l’encontre de la théorie des bombes. Mais il faut
gratter le Web avec la patience d’un chercheur d’or pour tomber sur ce
genre de propos, tandis que la théorie des bombes est reprise sur des
dizaines de sites qui se copient mutuellement, et donc une première
recherche vous donne l’impression d’une écrasante vraisemblance de la
thèse conspirationniste – on ne voit presque qu’elle - . Le même
article donne aussi des explications compréhensibles sur la structure
des tours, leur fragilité, les raisons d’économie qui ont poussé à
prendre des risques sur le plan de la sécurité, et les cris d’alarme
poussés par des spécialistes du feu bien des années avant 2001 devant
la vulnérabilité de ce genre de bâtiments. Un
article plus scientifique de neuf
pages défend que le feu a joué un rôle moindre que l’impact des
avions, tandis que le Council On Tall Buildings, association
d’ingénieurs reconnue comme organisation non gouvernementale par
l’UNESCO, défend l’avis contraire, mais tous deux jugent que le total
impact + feu suffit à expliquer l’écroulement, et ne recourent pas
à l’hypothèse d’explosifs. On peut aussi lire
un article de 1996
sur la vulnérabilité des
gratte-ciel à structure d’acier face à un incendie.
Par ailleurs,
certaines pages soutiennent,
images à l’appui, que les avions qui ont heurté le WTC auraient tiré
un missile. Un monteur vidéo
réfute ces affirmations .
Les sites mentionnés par
notre correspondant défendent la thèse que la tour 7 aurait été
l’objet d’une démolition préprogrammée – ce qui donne lieu de part et
d’autre à des discussions, des schémas… impossibles à suivre pour qui
n’a pas quelque formation en la matière. L’ennui, c’est qu’on ne
trouve à ma connaissance guère d’explication à la raison pour laquelle
un complot aurait visé à abattre cette tour. On peut lire que ce
bâtiment aurait abrité un
bureau secret de la CIA. Mais
pourquoi la CIA aurait-elle planifié la destruction de ses propres
installations ? Une autre thèse est celle d’une escroquerie à
l’assurance. Or, le dédommagement du propriétaire a donné lieu à un
procès portant sur un milliard de dollars environ. Les experts des
compagnies d’assurance n’auraient pas remarqué que la destruction
était due non au crash des Boeing, mais au placement préalable
d’explosifs ? Enfin, les USA (et le reste du monde) comptent
d’innombrables spécialistes de ce genre de démolition. Pourquoi
n’ont-ils pas bondi sur leur téléphone, ou rempli le Web et les
journaux de témoignages dénonçant l’ignoble supercherie ? Tous membres
d’une conspiration mondiale ?
Impossible de reprendre ici
en détail toutes les thèses avancées, une partie en ont été
mentionnées sur notre page « Documents » -ainsi d’ailleurs que des
pages qui les réfutent- . On trouve d'abondants « best of »
ici
et
ici. L’un des principaux sites
conspirationnistes, www.thewebfairy.com
, a été récemment (juin 2004) retiré du Web sans explication ni page
de redirection.
Peut-être
faut-il revenir, plus simplement, à des aspects plus évidents ?
(la suite)
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